Beaucoup de personnes jouent à des jeux d’argent et elles n’ont pas de problème. D’autres personnes jouent trop. On parle de comportement problématique. Parfois, elles perdent le contrôle.
Il est difficile de dire quand une personne « joue trop ». Il n’y a pas une limite fixe d’argent ou de durée. Elle est différente pour tout le monde. C’est trop à partir du moment où la pratique de jeu pose un problème à la personne qui joue ou à son entourage (famille, amis…). Jouer à ce type de jeux de manière excessive cause des problèmes de santé (mal dormir, stress…), sociaux, financiers. Ça touche la personne qui joue et son entourage.
Plus les jeunes commencent tôt à jouer à des jeux d’argent et de hasard, plus le risque est grand qu’ils aient un problème. C’est pour cette raison que les jeux d’argent sont interdits aux mineurs.
En Suisse, les personnes qui ont un problème avec les jeux sont majoritairement des jeunes hommes. Près de la moitié ont moins de 29 ans. Et 9 sur 10 ont commencé avant 21 ans.
Comment une personne perd le contrôle ?
La personne qui joue passe généralement par 3 étapes. C’est utile de les connaître. Cela vous permet de discuter avec votre ado avant qu’il y ait un problème :
D’abord la personne gagne
Le jeu est une activité sociale qui peut stimuler l’estime de soi car elle donne la possibilité de gagner, de se sentir le ou la plus forte. Il arrive souvent que la personne gagne beaucoup d’argent au début. Elle est très contente. Elle éprouve une émotion forte. Puis elle va prendre des risques pour gagner une deuxième fois, et va perdre. Elle aura envie de jouer de plus en plus pour récupérer sa perte.
⇒ Attention : si votre ado vient vous parler d’un gain « important » et est tout excité.
Ensuite elle commence à perdre
La personne qui joue est sûre qu’elle va réussir à gagner si elle mise plus d’argent. Elle veut se « refaire ». Il peut arriver qu’elle commence à mentir pour obtenir de l’argent. Elle emprunte à ses proches. Elle se justifie de plus en plus. Elle s’isole pour échapper à sa culpabilité et aux reproches des autres.
⇒ Attention : des objets ou de l’argent disparaissent (vol). Ou bien des objets ou de l’argent apparaissent (trafic).
⇒ Attention : votre ado vous dit « je vais me refaire ».
Pour finir elle est désespérée
Le jeu devient une obsession. La personne se met facilement en colère, elle devient nerveuse et agitée. Elle dort mal et son appétit varie d’un jour à l’autre. Ses humeurs changent tout le temps. On ne peut pas les prévoir. Elle doit de l’argent à des gens et ne sait plus comment s’en sortir.
⇒ Attention : si vous voyez ces signes chez votre ado, il faut agir ! Voir aussi « Que faire ».
Jouer peut devenir une maladie
Au début, votre ado joue par plaisir. Petit à petit, le plaisir se transforme en besoin de jouer. Le besoin devient plus fort que la volonté d’arrêter, même si les conséquences sont toujours plus négatives. Le jeu prend toute la place. Les personnes dépendantes au jeu n’ont plus qu’une idée en tête : récupérer ce qu’elles ont perdu, à tout prix !
Jouer de manière excessive peut devenir une maladie. Les spécialistes sont les seul·e·s à pouvoir poser un diagnostic.
Les spécialistes se basent sur plusieurs critères pour dire que c’est une maladie. C’est utile de les savoir. Cela vous permet de parler avant qu’il y ait un problème :
Préoccupations
Le jeu occupe les pensées de la personne qui joue.
- Elle se demande quand elle pourra jouer cette semaine.
- Elle est impatiente de lire le pronostic hippique ou sportif.
Mises croissantes
Au fil du temps elle augmente ses mises (une mise c’est l’argent qu’on met en jeu) ou elle joue de plus en plus souvent.
- Elle joue 5 CHF au lieu de 2 CHF à chaque fois.
- Elle va jouer toutes les pauses de midi.
Pensées erronées
Sa façon de voir le jeu change. Ce n’est plus « juste » une question de chance.
- Elle connait toutes les équipes de foot et est sûre de gagner.
- Elle se croit experte au poker et pense pouvoir garder son calme.
Échappatoire
La personne joue pour ne plus penser à ses soucis familiaux, à l’école ou autres.
- Devant la machine à sous, elle oublie ses problèmes.
- Elle regarder les pronostics sur son téléphone pour ne pas avoir à discuter.
Mensonge
Elle ment. Elle ne dit pas quand elle va jouer ou combien d’argent elle met. Elle peut aussi se mentir à elle-même.
- Elle dit : « j’étais au cinéma », mais elle était au casino.
- Elle se dit : « Je peux m’arrêter quand je veux ».
Espoir de se refaire
La personne veut récupérer l’argent qu’elle a joué et perdu.
- Elle vous dit qu’elle va regagner, le lendemain, l’argent perdu.
- Elle se dit : « Je vais me refaire ».
Perte de contrôle
Elle perd le contrôle. Elle essaie de se limiter ou d’arrêter et n’y arrive pas.
- Elle dit qu’elle ne veut plus jouer, mais vous voyez qu’elle continue quand même.
- Elle dit qu’elle va jouer 5CHF, mais elle en joue 50.
Mise en danger des relations/du travail
Jouer devient plus important que tout pour la personne.
- Elle arrive chaque fois en retard à son apprentissage, car elle a joué juste avant.
- Elle a « emprunté » la carte de crédit de sa grand-mère pour pouvoir jouer.
Ces critères viennent du DSM-5. Il s’agit de la dernière et cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’Association Américaine de Psychiatrie (février 2015).